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∂éѕιℓℓυѕισиѕ ∂'υиє ѕαℓє ρєтιтє ¢σииє
18 août 2006

[ Tout simplement magnifique.Elle m'ôte les mots de la bouche ] oOo #03 oOo

« J’ai toujours aimé la souffrance.Je me complaisais à exacerber mes déceptions, mes réflexions amères ; la communication boiteuse avec mes parents, l’incompréhension des autres enfants dans l’ensemble cruels et limités et avec qui je ne pouvais donc prétendre à aucune connivence, mise à l’écart qui se prolongea jusqu’à la fin de l’adolescence quand je compris qu’il valait mieux paraître en savoir moins que les autres et, à tout prendre, avoir l’air bête…c’est à peu près à ce moment là que je commençai à pressentir que la vie était absurde, ce qui me fut confirmé par de nombreuses lectures, que je touchai du doigt le mal-être, que la question «  à quoi bon ? » revint de plus en plus souvent et me paru intolérable, les diverses corruptions de l’être humain en qui je voulais croire, le trou noir de l’avenir qui amènerait inéluctablement la mort, et le véritable trou noir, et d’autres réflexions du même ordre contre lesquelles je ne cherchais même pas à me débattre.

Puis je me suis fait avorter.

Je n’ai rien ressenti d’abord, qu’une forme abjecte de satisfaction de voir se réaliser cette intuition que j’étais faite pour souffrir.

Et cet étonnement : je ne souffrais pas.

La prise de conscience eut lieu devant ce magasin de vêtements pour enfants, quelques heures après l’opération.J’eus le souffle coupé, l’impression qu’une gerbe d’étincelles éclataient dans ma tête…

La crise qui suivit m’effraya moi-même.

Non par sa véhémence, mais parce qu’elle était incontrôlable.

Par un paradoxe étrange, la contemplation de mes émotions m’avait mise à l’abri des souffrances que j’appellerai tangibles, parce qu’elles ont une origine définie, j’étais une machine à ressentir,  pleurant quand je voulais pleurer, riant quand je voulais rire.

Mais la douleur occasionnée par la perte de cet enfant n’était pas contrôlable, et ses manifestations ne m’étaient pas intelligibles ; par exemple, ce qui me fait le plus de mal quand je pense à lui, c’est de ne pas savoir où regarder, et de regarder le ciel.

J’avais dix-sept ans à ce moment là, quand j’ai compris que la souffrance n’était pas qu’un moyen d’échapper à la platitude, d’accéder au sublime.

Pourtant, ce n’est pas cette épreuve et la douleur qu’elle me causa et me cause encore qui ont fait de moi ce que je suis.

J’ignore tout de ce désespoir hurlant contre lequel je ne peux rien. »

єχтяαιт ∂υ ℓινяє ∂є ℓσℓιтα ριℓℓє – нєℓℓ

hell

By _Abs0lution_

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